Charlotte et Laura Tremble sont soeurs jumelles et membres de l’équipe de France de natation synchronisée. Elles s’entrainent à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) près de Paris depuis septembre 2014 et ont déjà été sélectionnées pour représenter la France de nombreuses fois chez les espoirs et juniors, comme pour la COMEN Cup, les Championnats d’Europe et du Monde, ou bien encore les Jeux Européens de 2015 à Baku en Azerbaïdjan.
A l’âge de 17 ans, ce duo très prometteur continue sa progression et vise non seulement des places dans le collectif France junior mais également des sélections pour les futures échéances seniors avec en ligne de mire les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.
Inside Synchro est parti à la rencontre des jumelles avant une saison qui s’annonce décisive pour discuter de leur parcours hors-normes, de leur passion pour la synchro et de leurs objectifs pour les années à venir.
Inside Synchro: Pouvez-vous résumer brièvement votre parcours dans la natation synchronisée?
Laura: Nous avons commencé au club de Senlis, où on habite, à l’âge de 6 ans. Nous faisions de la danse et nous apprenions à nager. Un jour, une copine de l’école nous a invitées à un gala de natation synchronisée. Cela mélangeait la danse et la natation : c’était ce qu’on voulait faire. Nous avons commencé par les compétitions régionales avec un duo sur le thème d’Halloween quand on avait 8 ans, c’est là que nous avons gagné notre première compétition. La première fois que nous avons représenté la France était pour une compétition à Lugano en 2014 (ndlr : Swiss Youth Competition).
Charlotte: Au bout de trois ans à Senlis, nous sommes parties à Compiègne pour suivre le responsable régional, mais ça s’est mal passé et nous avons failli arrêter la synchro après cette année là. C’est grâce à Corinne Rousselin à Rueil Malmaison que nous avons continué et c’est elle qui nous a donné le niveau pour entrer à l’INSEP.
Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de nos premières compétitions régionales, en revanche je me souviens très bien de nos premiers championnats de France (en catégorie National). On était très stressées, et c’était très impressionnant dans l’organisation et au niveau du nombre des nageuses. Ma première compétition où j’ai nagé le ballet d’équipe en équipe de France était il y a deux ans. Ca a été une année dure mais très enrichissante. C’était ma première en pôle France, car nous n’avons jamais été en pôle espoir et nous n’avions jamais nagé de ballet d’équipe. Cette même année, notre première année junior, nous avons été sélectionnées pour représenter la France en duo. C’était l’année des découvertes.
IS: Vous faisiez également beaucoup de gymnastique étant plus jeunes. Comment est venue la décision d’arrêter cette discipline au profit de la synchro? Etait-ce une décision difficile?
L: Nous avons commencé ces deux sports la même année. Notre mère espérait qu’une ferait de la synchro et l’autre de la gym. Mais au fur et à mesure, on s’est rendues compte qu’on préférait toute les deux la synchro. Une fois à Compiègne, à une demi-heure de la maison, les heures d’entraînement devenaient plus nombreuses. Les deux activités n’étaient plus conciliables, on a décidé d’arrêter la gym.
C : J’ai toujours préféré la synchro à la gym, car je ne suis pas très douée “sur terre”. Au bout d’un moment les heures d’entrainement commençaient à augmenter dans les deux sports. Du coup, le choix d’arrêter la gym n’a pas été très compliqué.
IS : Qu’est ce qui vous a attiré dans la synchro?
L : Déjà le fait qu’on puisse nager toutes les deux ensemble. On a toujours préféré les sports collectifs aux sports individuels. La synchro est un sport complet qui se passe dans l’eau, un élément où nous avons toujours été très à l’aise. Nous étions bébés nageurs à 4 mois, et barbotions sans bouées en piscine à 4 ans.
C : Ça a été un coup de coeur parce que la synchro est un univers qui nous correspond totalement. Je sais juste que les solos, ce n’est pas pour moi !
IS : Comment est l’expérience de nager avec sa sœur jumelle? Est-ce qu’il y a généralement une bonne entente ou parfois des disputes?
L : L’avantage c’est qu’on se connait par cœur, et on sait se gérer mutuellement en compétition ou à l’entrainement. On anticipe souvent les choses. Après, le côté négatif, c’est que lorsqu’on a un truc à se dire, on ne prend pas de gants, et nous sommes très directes l’une envers l’autre. On se complète vraiment bien toutes les deux, même si évidemment à force de faire les mêmes études, d’avoir la même bande de copains, et donc d’être près de 24h/24 ensemble, il y a forcément des disputes et des tensions. Parfois, nous avons besoin de nous séparer pour respirer un peu. Les tensions ne durent jamais longtemps car nous ne sommes pas rancunières. Je ne pourrais pas vivre longtemps loin de ma soeur.
C : C’est génial de nager avec Laura parce que lorsqu’on nage ensemble, on est connectées. On est soeurs donc c’est obligé qu’on se dispute, surtout quand on est 24h/24 ensemble ! Mais ça ne dure jamais longtemps, et on essaye de ne pas le faire à l’entrainement car on sait que ça affecte notre manière de nager.
IS : Comment s’est passée l’arrivée à l’INSEP et la transition de quitter la maison familiale à un si jeune âge? Combien de fois rentrez-vous chez vous ?
L : Nous sommes parties à 15 ans de la maison. On a eu le temps de se préparer à cette séparation. Elle n’a donc pas été trop dure pour nous. Les journées sont tellement remplies qu’on ne voit pas le temps passer. En plus on était toutes les deux, et nous avons rencontré plein de personnes avec lesquelles on s’entend très bien.
C : On ne rentre pas souvent, de une à deux fois par mois, mais on n’habite pas loin de l’INSEP, alors quand on a un gros coup de mou, on appelle les parents et notre petit frère et on va se faire un resto !
IS : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur une journée typique à l’INSEP?
C : Cette année, nous n’avons pas encore de journée typique parce que nous venons de passer en études supérieures (ndlr : elles viennent toutes les deux d’obtenir le baccalauréat scientifique avec mention en Septembre 2016). Nous commençons une licence de physique-chimie. Nos cours sont moins réguliers qu’au lycée, mais nous nous entraînons minimum 5h par jour. C’est dur de combiner les études et les entrainements car ça nous fait des journées chargées qui commence à 8h et finissent à 23h. Comme la synchro ne nous permet pas de gagner notre vie, on est obligées de se donner à fond dans les études pour pouvoir faire le métier que l’on souhaite faire plus tard.
L : C’est pareil que Cha ! (rire)
IS : Vous représentez toutes les deux le futur de la synchro française, et vous avez déjà participé à de nombreuses compétitions internationales avec l’équipe de France. Quel est votre meilleur souvenir de compétition ?
C : J’ai bien aimé les Championnats du Monde de Kazan car c’étaient nos premiers Mondes, mais ma compétition préférée a été les Jeux Européens à Baku parce que c’était une compétition où il y avait plein d’autres sports, l’ambiance était géniale, la piscine était belle et les équipements magnifiques !
L : J’ai plein de bons souvenirs, je ne peux pas en choisir un seul. Ma compétition préférée pour le moment ce sont les Jeux Européens à Baku : L’ambiance du village olympique, faire partie de la délégation française, nager dans une superbe piscine, et puis les résultats étaient bons ! De très bons souvenirs !
IS : Quels sont vos objectifs sportifs pour cette nouvelle saison 2017? Quels sont vos objectifs à long-terme? Et quels sont vos objectifs non-sportifs ?
C : Mon objectif de cette année est d’être le duo junior français, et essayer de se positionner pour le duo senior. Et puis, faire partie de l’équipe de France junior et senior. Mon objectif à long terme, comme tous les sportifs, c’est d’avoir la chance de participer un jour aux JO !
L : Pour le moment c’est de me donner à fond et je verrai bien où ça mènera ! Mon objectif non sportif est d’arriver à finir ma licence et ensuite poursuivre afin de faire le métier qui me plait.
C : Et oui, terminer ma licence, ce qui va déjà prendre pas mal de temps !
Charlotte et Laura ont déjà commencé les entrainements pour préparer cette nouvelle saison sportive. Elles participeront aux Championnats de France Hiver en figures imposées, puis seront a l’Open Make Up For Ever du 10 au 12 Mars 2017, où elles tenteront de se positionner pour une place de titulaire en équipe de France, et d’être sélectionnées comme le duo France pour les échéances internationales de 2017.
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